Les bienfaits de la parole

Bouger davantage, se nourrir sainement et  penser positif, pas facile quand on est psychologiquement diminué. Et même si le sport, le grand air et une belle table sont bons pour le moral, il est des situations où il ne suffit pas de se mobiliser, il est des moments où l’on n’y parvient pas. Pas plus que pour votre forme ou votre ligne, il n’y a là de fatalité.

« Au début, après le traitement, ça a été très difficile, j’ai traversé une bonne année de difficultés et de recherches pour contrôler les effets de la maladie et des médicaments. Le groupe est un très bon soutien. Dès que vous obtenez une réponse, vous allez mieux, vous y êtes! » Josef, 80 ans

De bonnes raisons de douter

La maladie est entrée soudainement dans votre vie et vous avez, comme la plupart des patients, souffert de la brutalité de cette irruption. Puis vient le temps des doutes, des interrogations sur la suite de l’existence : combien de temps ? dans quel état physique ? La prise en charge thérapeutique apporte son nouveau lot de bouleversements. Les conséquences chirurgicales sur les fonctions urinaires et sexuelles peuvent être de profonds bouleversements. Les traitements hormonaux peuvent affecter le moral et leurs effets sur le corps ne sont pas neutres psychologiquement.

Plus généralement, le cancer de la prostate est une maladie de l’âge. Quand il frappe, les hommes se voient rappeler qu’ils vieillissent, quand ils n’en sortent pas diminués dans leur autonomie et leur virilité. Il arrive plus souvent qu’on le croit que l’entourage vive cette maladie avec fatalisme, comme un mal nécessaire de la vieillesse. Or, si la plupart des patients ne veulent pas être considérés comme des malades, nombre d’entre eux souffrent que leurs proches oublient qu’ils le sont…

Admettre sa souffrance

« Au début, après le traitement, ça a été très difficile, j’ai traversé une bonne année de difficultés et de recherches pour contrôler les effets de la maladie et des médicaments » confie Josef, qui a trouvé auprès d’un groupe de patients le soutien nécessaire. Il considère que c’est une bonne manière de « se rendre compte » de la situation. « Le groupe est un très bon soutien. Dès que vous obtenez une réponse, vous allez mieux, vous y êtes ! ».

Admettre une souffrance psychologique, voire une déprime ou une dépression, et accepter de s’ouvrir à quelqu’un, ça n’est pas simple, surtout quand on est un homme de votre génération. Ecouter d’autres patients, puis s’exprimer, cela semble la moins douloureuse des voies : « On aborde entre nous la partie psy. On sait, on admet que c’est dur sur ce plan. On sait aussi que les hommes qui cherchent à parler ne trouvent pas toujours les mots… » explique Josef.

Ne pas garder les choses pour soi

Mettre des mots sur ce qu’on ressent, c’est un premier soulagement.  Le groupe de parole permet de se sentir moins seul dans sa situation, tout en pouvant être et dire ce que l’on est, individuellement. D’autres patients s’ouvrent à leur médecin traitant, certains consultent un psy, comme Bernard. 

« Le jour où j’ai évoqué ce que je ressentais auprès de ma femme, elle a insisté pour que je voie un professionnel. J’étais réticent mais elle m’a dit que si j’avais mal aux dents j’irai voir un dentiste ! Le psy m’a aidé à mettre les choses dans le bon ordre. Je ne l’ai pas vu longtemps, mais il y a un avant et un après. Il m’a notamment appris à ne pas garder les choses pour moi. »

Ne pas garder sa détresse pour soi. Si votre entourage vous semble indifférent, dites-le, trouvez la manière, partagez plutôt que reprochez. Dans les groupes de parole, on entend des mots comme « la communication est devenue difficile », « les mots font peur », « la maladie peut éloigner plus qu’elle ne rapproche ». Traitez ces problèmes comme des effets indésirables de la maladie et non comme une fatalité.

S’informer, c’est essentiel

L’annonce, les traitements, les effets indésirables… Chacun de ces pans de la prise en charge apporte son lot d’interrogations. Or on n’est pas toujours en mesure d’entendre toutes les informations qu’on reçoit, et les médecins sont eux aussi des hommes : certains expliquent bien, certains n’expliquent pas. L’incompréhension ou l’ignorance sont des facteurs de stress, voire de déprime. 

Jan milite pour que l’information soit un préalable à l’action : « Le message de notre association, c’est “prenez les choses en main”. En amont de cela, il faut un solide contenu scientifique et un encadrement stimulant, pour que soit régulièrement délivrée de l’information ». Connaître l’adversaire pour mieux le combattre ou s’en affranchir, c’est vieux comme le monde !

Spirale positive

L’activité physique, les projets, l’implication sociale sont bons pour le moral. L’inverse se vérifie également : suspendre le programme parce qu’on se sent fatigué ou déprimé ne ramènera pas l’énergie nécessaire. En cours de programme, efforcez-vous de garder le rythme minimum qui est recommandé. N’ajoutez pas à votre découragement passager le sentiment de ne plus être « capable ». Etre plus fort qu’un moment de faiblesse, c’est bon pour le moral!

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